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Les feuilles volantes
14 janvier 2008

Etourdissant !

catastrophes


La physique des catastrophes
,  Marisha Pessl, Gallimard (Du monde entier), 2007, 609 p.











Quatrième de couverture

Bleue Van Meer serait une adolescente américaine tout à fait ordinaire. Sauf que, à cinq ans, elle perd sa mère dans un accident de voiture et que son père, un intellectuel exubérant et excentrique, la ballotte désormais d'une ville universitaire à l'autre, vers de nouvelles aventures, toujours sur la route.
Ils vivent une relation fusionnelle, multiplient les joutes oratoires, se lancent dans des citations savantes, refont l'histoire de la littérature et de la physique quantique. Mais un jour, elle découvre le cadavre pendu d'Hannah Schneider, son professeur préféré. Que peut-elle bien faire? Suivre les conseils paternels et reconstituer l'histoire, avec rigueur, un zeste de comique, si possible, et moult anecdotes. Cela suffira-t-il à élucider le drame et à percer les secrets d'un entourage plus mystérieux qu'il n'y paraît? Mine de rien, sous couvert de jeu et d'humour, Marisha Pessl propose une vision critique inédite de la société consumériste américaine. À la fois noir, drôle et poignant, ce roman étourdissant de verve et de brio nous offre une héroïne inoubliable et marque l'entrée en scène fracassante de Marisha Pessl, conteuse née et enfant prodige de la jeune littérature américaine.

Mon avis

Après des mois d'attente, j'ai enfin reçu ce gros roman pour Noel. Je l'ai donc vite commencé et terminé, en à peine une semaine. C'est un roman comme j'espère toujours en découvrir : épais, coloré, original, drôle, bien écrit, mystérieux, fascinant, qui pose question, dont on a envie de recopier des phrases, dont on ne peut quitter les personnages hyper attachants, qu'on regrette de terminer et qu'on se promet de relire.

En matière d'originalité, je cite : les titres des chapitres sont des titres de grandes oeuvres littéraires ("Madame Bovary", "Cent ans de solitude", "Justine", ...), l'intrigue est parsemée de dessins (nommés "supports visuels"), et bien sûr la manie de Bleue de citer environ trois millions de sources bibliographiques (pour la plupart inventées par l'auteur, mais qui soutiennent l'intrigue et font sourire. Moi en tout cas, cela ne m'a pas du tout détournée du livre).

Extrait :

"Papa attrapait les femmes comme certains pantalon en laine attrapent les peluches. Pendant des années, je leur avais donné un surnom : les Sauterelles (voir "Sauterelle commune", Insectes ordinaires, vol.24). (...)
Les aventures de papa de duraient jamais moins que l'incubation d'un oeuf d'ornithorynque (19-21 jours) et jamais plus que la gestation d'un écureuil (24-45 jours). Je reconnais que, parfois, je haissais les Sauterelles, surtout celles qui abondaient en conseils, astuces et trucs de filles, comme Connie Madison Parker, laquelle força la porte de ma salle de bain pour me reprocher de ne pas mettre mes formes en valeur (voir "Mollusques", Encyclopédie du vivant, 4°édition)."

L'intrigue du roman va crescendo et devient véritablement haletante à la troisième partie : impossible de le lâcher ! Bleue fait également une critique acerbe de la société américaine, surtout des adolescents perdus dans l'alcool, les fêtes et les joints. C'est donc en plus d'un formidable suspense, un roman sur l'école, la littérature, les rapports père-fille, le monde désenchanté des adultes. C'est une ode à la littérature, avec toutes ces citations et joutes verbales de Bleue avec son père; mêlant philosophie, politique et physique.

Je dois tout de même admettre une toute petite frustration : la fin, bien que très compréhensible, n'explique pas tout en détail. Au lecteur d'en tirer ses propres conclusions. Pour cela, le "Contrôle final", où l'auteur propose un examen sur l'intrigue avec un QCM, des vrai ou faux et une propositon de dissertation, aide le lecteur à y voir plus clair dans les questions qu'il pourrait encore se poser (je me suis amusée à le faire, mais pas la dissertation quand même hein :-) ).



En bref

Un roman étourdissant, qui reste en mémoire. Un roman initiatique qui mêle le suspense à la réflexion, l'humour à la gravité, tout en étant formidablement ingénieux et divertisant !



« Papa disait toujours qu’il faut une sublime excuse pour écrire l’histoire de sa vie avec l’espoir d’être lu. « À moins que ton nom ne soit comparable à ceux de Mozart, Matisse, Churchill, Che Guevara ou Bond - James Bond -, il vaut mieux que tu consacres ton temps libre à peindre avec tes doigts ou à pratiquer le palet, car personne, mis à part ta pauvre mère aux bras flasques et aux cheveux rêches qui te couve d’un regard tendre comme du veau, ne voudra écouter le récit de ta pitoyable existence, laquelle s’achèvera sans doute comme elle a commencé – dans un râle. »



"Mais le plus incroyable chez le poisson rouge, c’est sa mémoire. On le plaint de n’avoir qu’une mémoire de trois secondes, d’être à ce point dépendant du présent – or c’est, au contraire, un don. Car il est libre. Il ne souffre ni de ses faux pas, ni de ses erreurs, ni d’une enfance perturbée. Il n’a pas de démons intérieurs. Son placard ne contient pas le moindre squelette. Et je vous le demande, quoi de plus drôle que de découvrir le monde trente mille fois par jour ? Comme c’est bon d’ignorer qu’on n’a pas vécu son âge d’or il y a quarante ans, quand on avait encore tous ses cheveux, mais il y a seulement trois secondes, si bien que, en fait, cet âge d’or n’a pas de fin.
L’âge d’or. Trois secondes. «Encore l’âge d’or.  Trois secondes.  Toujours l’âge d’or ." 

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Commentaires
C
Eh bien, je le note :)<br /> <br /> Je n'étais jamais passée sur ton blog et je l'ajoute dans mes favoris. J'aime bien quand on peut retrouver les coups de coeur des blogueurs en un seul clic! ;) Au plaisir!
R
Florinette : c'est vrai que l'action met du temps à s'installer. Mais elle permet de mieux cerner les personnages ! Merci pour ta visite
F
À l'inverse de toi je me suis un peu ennuyée dans les premiers chapitres, par contre, là où je te rejoins, c'est pour la troisième partie de ce livre qui se dévore et pour un premier roman, je tire mon chapeau" à cette jeune écrivaine !!
A
Hop, c'est noté! Ton billet donne drôlement envie! :D
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