Un roman féminin très intéressant
Je ne sais pas comment elle fait , Allison Pearson, Plon
"'Avant même d'être assez grande pour comprendre ce qu'être une femme
voulait dire, j'avais déjà compris que le monde des femmes était divisé
en deux : il y avait les mères convenables, qui se sacrifiaient à la
pâtisserie des tartes aux pommes, vigilantes et impeccables prêtresses
de la machine à laver et de l'essoreuse, et il y avait les autres. A
l'âge de trente-cinq ans, je sais exactement à quel groupe
j'appartiens, et je suppose que c'est pourquoi, en ce petit matin du 13
décembre, je suis en train de frapper des tartelettes aux fruits
confits avec un rouleau à pâtisserie pour les faire ressembler à celles
que faisait ma mère. Avant, les femmes avaient le temps de faire des
tartelettes et étaient obligées de simuler leurs orgasmes. Aujourd'hui,
nous réussissons les orgasmes mais nous sommes obligées de simuler les
tartelettes. Et on appelle ça le progrès. "
Petit intermède avec un roman "facile", qui se lit d'une traite, que j'ai beaucoup apprécié, sur le thème très actuel de la difficulté pour une femme de concilier une brillante carrière, une vie de famille et un peu de temps pour elle, sans sombrer dans la folie, l'hystérie, la déprime ou l'épuisement (non, je n'exagère pas).
Kate, l'héroine, a un poste à responsabilité dans la finance, qui exige tout d'elle, 24H sur 24 , 7 jours sur 7, et l'envoie à l'autre bout du monde faire les yeux doux à un client en deux temps trois mouvements. Exaltante carrière, mais difficile à gérer quand on a aussi deux petits bouts et un mari, qui réclament de l'attention constante. Traité comme une sorte de "journal de Bridget Jones", le roman est trépidant, amusant, bien écrit mais surtout affolant. Bien sûr, toutes les mères n'ont pas CE job dans CETTE entreprise de cinglés, mais certaines réflexions sont interpellantes. Pour preuve, le livre s'est ouvert tout seul, à une page qui a sans doute fortement marqué les précédentes lectrices (je l'ai emprunté à la bibliothèque où je travaille), et qui traite du désarroi de Kate devant ce spectacle qu'elle trouve en rentrant épuisée chez elle : ses deux enfants faisant des câlins à leur nounou devant un dessin animé. Un moment de tendresse qui lui a été volé. Elle paye pour cela, pour qu'une autre donne et reçoive l'amour de ses enfants.
Il y a des passages dans ce livre où toute femme a envie de crier "oui ! c'est vrai !", même sans enfants, même sans carrière éreintante. Ce thème nous touche, il est aisé de se glisser dans la peau de Kate et de se poser les mêmes questions qu'elle. Un très bon roman pour passer un excellent moment de lecture : divertissant ET interpellant.