La restauration de la magie anglaise
Jonathan Strange et Mr Norrell
Jonathan Strange et Mr Norrell / Susanna Clarke; traduit de l'anglais (Grande-Bretagne) par Isabelle D. Philippe. - Paris : Robert Laffont, 2007. - 1 vol. (848p.); 23cm. - ISBN 978-2-221-10887-1
Quatrième de couverture
Il y a des siècles de cela, du temps où la magie existait encore en
Angleterre, le plus grand magicien de tous était le roi Corbeau. Enfant
d’homme élevé par des fées, le roi Corbeau mêla sagesse féerique et
humaine raison pour fonder la magie anglaise. En 1806, année où
commence le roman, il n’est plus guère qu’une légende. L’Angleterre est
gouvernée par un roi fou, Lord Byron bouleverse les mœurs autant qu’il
révolutionne la poésie, les guerres napoléoniennes ravagent le pays… et
plus personne ne croit à la pratique de la magie. Or voici que Mr
Norrell, le reclus de l’abbaye de Hurtfew, lance un défi aux magiciens
théoriciens qui pullulent dans le pays : il prouvera qu’il est le seul
véritable magicien du pays.
La nouvelle du
retour de la magie en Angleterre se répand jusque dans les frivoles
salons londoniens. Pédant, prétentieux, Mr Norrell devient pourtant la
coqueluche de la noblesse londonienne. Mais lui veut davantage : aider
le gouvernement dans sa guerre contre Napoléon.
Aider le royaume d’Angleterre n’est pas l’unique obsession de Mr
Norrell. Car il veut aussi, et surtout, éliminer tout rival possible.
Et
bientôt il croise sur son chemin un brillant jeune magicien, Jonathan
Strange. Ce dernier est charmant, riche, un brin arrogant, mais
imaginatif et courageux. Mr Norrell, séduit, le prend pour élève.
Ensemble, ils éblouissent le pays de leurs exploits. Mais leur
association tourne vite à la rivalité…
Mon avis
C'est une chronique difficile que celle de ce livre. Attirée par la couverture noire, l'aspect "grimoire", les critiques enthousiastes et le sujet de la magie, je m'attendais à un peu plus de rebondissements et d'aventures. Ce roman n'est pas, comme j'ai pu le lire, le "Harry Potter pour adultes". La magie y est traitée comme une science, qui s'étudie dans les livres, une discipline très sérieuse, dont on discute entre gentlemen dans les salons londoniens. Les critiques ont évoqué Jane Austen et c'est vrai que l'on retrouve cette atmosphère mondaine dans le livre. Jusque dans l'écriture, très "19ème siècle" et infiniment anglaise, teintée d'humour et de délicatesse. Ce roman impose sa propre mythologie, nous fait entrer dans un monde à part, dont on ne sait plus finalement où s'arrête la fiction : cela est dû aux innombrables notes de bas de pages de l'auteur (qui prenne parfois la demi page) où une bibliographie imaginaire se mêle à une réalité historique (la bataille de Waterloo). Le roi Corbeau, figure fascinante du livre, est toujours en arrière-plan, et est le prétexte à toute une "historique" de faits magiques enchanteurs , et de personnages mystérieux; relatés en notes de bas de page. On est happés donc, par ce monde à part, où les magiciens interviennent dans les guerres napoléoniennes, où l'on discute magie dans les salons en compagnie de Lord Byron et où les humains sont enlevés par des fées dans de mystérieux châteaux.
Le seul reproche que je ferai au livre n'est pas sa longueur, mais son essouflement au milieu de l'intrigue. J'ai mis un temps fou à le lire ... Et les deux cents dernières pages, tout à coup, précipitent l'action en la rendant (enfin ?) impossible à lâcher. Je regrette que l'entièreté du livre ne soit pas ainsi.
En bref
Immense, vertigineux, épais, colossal. Un livre qui se mérite : il faut de la patience pour le lire et l'apprécier.
A noter : existe en deux couvertures (noire ou blanche).